Éditorial 18 – JACQUES STEPHEN ALEXIS, L’UNIVERSEL ET LE SINGULIER

2022 est une année lumière. C’est l’année qui marque le centenaire de Jacques Stephen Alexis, cet écrivain lumineux ayant laissé ses empreintes sur les lettres francophones, en particulier la littérature haïtienne. D’aucuns diront qu’Alexis, pour reprendre une expression chère à Eddy Arnold Jean se référant à Coriolan Ardouin, est passé « comme une comète dans l’histoire de la littérature haïtienne »[1], et rien ne prédit si la postérité sera capable de lui rendre ce qu’elle lui doit tant son génie, sa science et son engagement n’ont d’égal que dans cet amour voué à l’homme, son semblable, à ce rêve, cet idéal parcourant son œuvre de part en part, à savoir rendre à ce monde toute son essence longtemps perdue. Ce véritable météore, quelquefois oublié comme tant d’autres de la critique, « a droit à la reconnaissance de la postérité »[2] pour avoir laissé une œuvre gigantesque, source inépuisable pour la naissance d’une nouvelle humanité.

Tout ceci pour signifier qu’Alexis est un monument. Si Jean-Louis Joubert le considère, avec Roumain, comme les deux grands écrivains qui « ont popularisé [la] modernité littéraire haïtienne »[3], les quelques lignes qu’il lui a pourtant consacrées ne permettent pas de le cerner dans toute sa dimension. L’essayiste Léon-François Hoffmann, de son côté a eu raison de souligner qu’il est un écrivain qui « restera dans l’histoire des lettres haïtiennes »[4], et parmi les causes évoquées, deux retiennent particulièrement notre attention. Alexis est bien l’auteur d’une « œuvre [qui] présageait les nouvelles directions qu’allait prendre le genre narratif haïtien ; il est l’un des rares écrivains[5] du pays à avoir produit des réflexions théoriques sur la littérature… »[6]. Qui peut à ce sujet remettre en question l’influence d’Alexis sur la production romanesque de toute la période qui a suivi ses publications jusqu’à l’époque contemporaine ? Qui avant ou après lui a réussi, sur le plan esthétique, à créer ce cocktail linguistique où l’anglais, l’espagnol, le créole et le français siéent autant dans une œuvre ? Cette élégance linguistique a été découverte précédemment chez Roumain dans Gouverneurs de la rosée (1944), mais simplement avec des expressions françaises proches du créole quand il ne s’agit pas de transposition d’une langue à l’autre. À côté de cet aspect, il faudra aussi noter le traitement de la paysannerie qui relève d’une telle authenticité que l’on risquerait de prendre les scènes pour réelles. De la publication des textes théoriques d’Alexis à aujourd’hui, il n’existe pas à notre connaissance de discours sur la littérature porté par un écrivain haïtien, à l’exception de Yanick Lahens[7] et peut-être Georges Castera dont les articles ont fait l’objet d’un essai paru peu avant sa mort[8].

Il n’y a pas de « retour à Jacques Stephen Alexis », au sens qu’on cherche à le ressusciter intellectuellement et politiquement[9]. On assiste plutôt à un retour de Jacques Stephen Alexis en raison de l’actualité et de la pertinence de sa réflexion pour aborder certaines problématiques contemporaines comme la capacité de la fiction romanesque à proposer une réorganisation de la vie à plusieurs[10] ou la manière dont le roman aborde l’espace naturel débouchant sur une poétique de l’espace naturel qui rejoint les préoccupations écopoétiques et écocritiques. On voit bien comment les fléaux que sont la crise sanitaire (Covid-19) et la crise environnementale (Changement climatique) exigent un faisceau entre la science et la politique afin de produire de vraies actions publiques. Ils invitent à faire confiance à la science comme voie privilégiée de réduction des risques liés à l’existence humaine. Ils nécessitent de solides commissions scientifiques capables de proposer aux décideurs politiques des savoirs efficaces. Alexis, en sa qualité de médecin, d’écrivain et de militant, représente une figure emblématique pour les pays du sud qui veulent penser la fragilité de l’Être colonisé. Ainsi, ses œuvres élaborent une tangente innovante entre ces problèmes universels de l’existence humaine et ces questions haïtiennes de teinture postcoloniale. Son système de « réalisme merveilleux des Haïtiens » est fondé sur un projet humaniste visant la transgression marchande du monde[11].

Il se dégage des écrits théoriques, politiques et littéraires de Jacques Stephen Alexis les effluves d’un cosmopolitisme vernaculaire[12]. S’« il faut au roman un terreau originel favorable à son éclosion[13] » comme il l’affirme et que, lui romancier, il choisit son pays natal comme cadre référentiel de ses fictions, sa parole cherche pourtant toujours à s’inscrire dans un cadre transnational, appelant à une solidarité internationale. Ainsi, là où on le croit s’empêtrer tout à la fois dans un nationalisme et dans un tropisme politique, assignant à la production romanesque une fonction quasi militante en affirmant que les « intellectuels des pays noirs, où l’analphabétisme est massif, doivent en conséquence se rappeler qu’une lutte cohérente pour un roman national ne peut se concevoir sans une activité militante contre l’analphabétisme et pour une instruction publique plus répandue[14] », sa voix finit par se muer en un cri collectif pour parler de sa foi en l’humanité. À cet effet, l’essayiste Claudy Delné n’a pas tort de souligner qu’Alexis, dans ses textes, « fait appel à l’union et à la solidarité du prolétariat international comme front commun aux exactions du capitalisme en vue de transformer les conditions de vie »[15] des peuples, rompre avec le totalitarisme et jeter les bases pour l’avènement d’un monde nouveau.

L’apôtre des littératures nationales[16] ne se départit pas d’une conception de la littérature qui rejoint ce qui sera désigné, peu de temps après sa disparition, sous les vocables de littérature-monde[17] ou de république mondiale des lettres[18]. On aurait et on a beaucoup d’objections à faire à certains points de vue développés et défendus par Jacques Stephen Alexis sur le nationalisme. Certaines de ses positions deviennent très datées au regard des acquis de la critique littéraire sur certaines problématiques telles que les littératures et identités nationales à l’heure de la mondialisation, mais force est de reconnaître, tout à la fois, un intérêt pour ses écrits, la pertinence de certaines de ses propositions esthétiques et politiques et une grande reconnaissance dont il jouit auprès d’écrivains haïtiens contemporains[19].

Étant l’un des rares écrivains haïtiens de son époque à avoir formulé et publié une réflexion originale sur l’art qu’il pratique, il conçoit la littérature haïtienne comme une littérature en relation[20] produisant ainsi une compréhension transnationale, du moins, caribéenne de certaines problématiques littéraires, telle la question du réalisme merveilleux[21] qu’il théorise en reprenant « le réel merveilleux » de l’écrivain cubain Alejo Carpentier. On connaît la fortune de « cette perception caribéenne du monde » qui, « une fois lancée, devait faire florès et constituer, pendant des décennies, l’angle d’approche quasi exclusif des littératures et arts caribéens[22] ». Ce qu’Alexis conçoit sous un mode théorique, il le transpose dans ses propres fictions, comme c’est le cas dans L’Espace d’un Cillement où, par le biais de l’histoire individuelle de La Niña Estrellita, l’auteur rend intelligibles les soubresauts de la vie dans les Caraïbes.

S’inscrivant dans l’héritage de cette littérature d’idées du 19e siècle haïtien qui remonte à Anténor Firmin, Demesvar Deslormes et Louis Joseph Janvier, Alexis a tenu à porter le point de vue haïtien sur le monde. Ce point de vue se veut critique tel qu’il apparaît dans « La belle amour amour humaine » où, dans la France de l’après Seconde Guerre Mondiale marquée, entre autres, par le courant de l’Absurbe, il cherche à réactualiser l’humanisme tout en critiquant une certaine vision pessimiste de l’homme qu’il désigne sous l’expression de « besogne d’avilissement de l’homme » qui « prend la forme du doute, du scepticisme, de l’ironie caustique, de l’humour cannibale… »[23]. Alexis use également de sa posture d’écrivain pour rendre audible la voix des minorités. Mais que vaut cette prétention à l’universel, si dans son pays a prévalu l’une des plus sanguinaires dictatures du continent américain ? C’est en cela qu’il joint la théorie à la praxis au prix de sa vie.

Alexis s’est fait une autre conception de la politique ancrée dans une revalorisation de la science. Cette dernière s’exprime dans ses reformulations conceptuelles de l’ethnologie et de la médecine aux besoins des sociétés postcoloniales. Cette rencontre de la science et de la politique invite à changer les outils traditionnels et archaïques des stratégies des acteurs. Les masses populaires doivent participer au développement d’une pensée systématique sur le social afin de rester le plus proche possible de l’idéal de la vérité, la vraie figure de la révolution, comme dit Antonio Gramsci. Le concept de révolution occupe toute la pensée révolutionnaire d’Alexis qui esquisse de véritables innovations dans la subjectivation politique. Le terrain haïtien lui permet d’articuler le besoin d’une intelligibilité scientifique au devenir politique des sujets.

Cette rencontre politique-science alexienne postule un volet épistémologique remettant en question les grandes narrations progressistes, notamment les marxismes. Cette déconstruction épistémologique se fait au regard des structurations singulières de la nation haïtienne et des valeurs humanistes transnationales. L’universel alexien résulte d’une forme de déterritorialisation errant vers de multiples lieux épistémiques dans une tradition radicale haïtienne teintée par la Révolution de 1804. La subjectivation politique de l’universel haïtien désigne de multiples non-lieux servant de support au surgissement de l’événement[24]. La pensée révolutionnaire résulte d’un rejet critique des savoirs eurocentriques et d’une réappropriation conceptuelle du particulier épistémique. La méthode de distillation optée par Alexis écarte les savoirs qui ne provincialisent pas les universels[25]. L’idée de Manifeste[26] pour lancer la fondation du PEP accorde une place prépondérante à l’analyse stratégique dans le projet de transformation sociale. Dans ce texte, les marxismes se trouvent distillés au regard critique de ses composantes théoriques classiques, ce qui donne une sensibilité épistémologique à la pensée politique de ce médecin communiste.

Ce dossier spécial sur Alexis opte pour ce quatuor conceptuel – littérature, médecine, politique, ethnologie – pour déplacer les thèses occidentales sur l’universel. L’ethnologie trouve sa pertinence analytique dans l’histoire singulière d’Haïti. Alexis prône un « élargissement continu » de nos pratiques de pensée afin de sortir des schémas réductionnistes et orthodoxes de la science et de la politique. Le jeu alexien entre l’universel et le particulier s’inscrit dans ce souci de renouvellement constant de nos outils et nos  espaces de savoirs.

Les contributions ont abordé le sujet[27]Alexis sous maints angles et dans des aspects divers. Dans le premier article qui ouvre le volume, Alba Pessini propose, à travers une approche écopoétique, une relecture de Les Arbres musiciens afin de faire ressortir l’engagement écologique d’Alexis lequel est souvent négligé au profit de son engagement politique et esthétique. Depuis les romans de période classique (1804-1915)[28], précisément le post-classique que l’on désigne couramment sous le vocable de La Ronde, le milieu urbain a toujours occupé une place prépondérante dans le roman haïtien et le rapport à la terre, le rural – la nature – a été relégué à l’arrière-plan. Il a fallu des pionniers comme Jacques Roumain, Jean-Baptiste Cinéas et Anthony Lespès pour créer une ouverture aux questions écologiques. S’appuyant sur une position de Malcolm Ferdinand[29] qui croit que la pauvreté endémique d’Haïti influe grandement sur sa situation écologique, Pessini souligne que « …la défense du sol haïtien se mêle au refus des nouvelles formes d’aliénation qu’[Alexis] cherche à contrer avec, entre autres, un attachement aux traditions séculaires qui habitent la terre haïtienne »[30].

De son côté, le professeur Carrol F. Coates insiste sur le désastre écologique présent dans Les Arbres musiciens suite à l’incapacité d’un régime corrompu de faire face à l’offre intoxiquée de l’impérialisme américain, à travers la SHADA, de mettre à sac les traditions dont a parlé Pessini et d’ empoisonner l’environnement. Coates revient sur l’étroite collaboration de deux présidents haïtiens, Sténio Vincent (1930-1941) et Élie Lescot (1941-1946), avec l’Oncle pour mettre à exécution son plan machiavélique d’étouffer le progrès d’Haïti. À son tour, Jean-Jacques Cadet a mené une réflexion sur la représentation d’Alexis du terme « dépassement » au sein du marxisme pour en proposer une relecture de ce courant entaché de crises. Le mérite d’Alexis, à cet effet, aurait été, pour reprendre les propos de Cadet, d’ « apporter une réponse anticoloniale aux crises du marxisme »[31].

Jackqueline Frost, dans son analyse s’est intéressée, en s’appuyant sur Compère Général Soleil, à l’engagement marxiste et révolutionnaire d’Alexis et ce qui a conduit à sa méconnaissance de  « l’histoire fétiche des révolutions par les marxistes du Nord »[32]. Perplexe, la chercheuse interroge ce fait étrange et se demande si « son absence du panthéon des figures culturelles marxistes vénérées de nos jours était due à son statut de romancier [ou] provenait de sa défaite tragique et des défaites terribles qu’on trouve dans ses romans[33]. Après avoir évoqué les rapports en Haïti et Cuba, Chadia Chamadi-Sambers s’évertue à déceler (et nous citons) les affinités politiques et esthétiques (poétiques) que Jacques Stephen Alexis a entretenues avec Cuba et ses auteurs, à la moitié du 20e siècle. Elle revient sur les relations de Roumain et Alexis avec Nicolas Guillén et Alejo Carpentier pour tenter d’apporter une réponse à cette dynamique relationnelle caribéenne à l’œuvre dans la production de l’auteur de L’Espace d’un cillement.

Par ailleurs, d’aucuns n’ignorent qu’Alexis, mort en martyr, a fait l’objet, depuis son jeune âge, de menaces –qu’elles soient voilées et claires – des gouvernements haïtiens, en particulier celui de François Duvalier, à cause de ses (prises de) positions politiques voire idéologiques. Homme de conviction et animé d’une bravoure à nulle autre pareille, il ne s’est jamais laissé intimider. Revenant sur sa lettre du 2 juin 1960 adressée à Papa Doc, Pierre Suzanne Eyenga Onana relève, en recourant à une approche brachypoétique, ce qu’il appelle une forme de « poétisation du mal-être citoyen et plaidoyer pour le vivre-ensemble »[34]. Tout à la fois subversif et ironique dans ses propos, Alexis, en recourant à cette « esthétique de la défiance », entend « réaffirmer son appartenance à un terroir haïtien reconnu comme une  entité citoyenne… [et] son droit d’y exister et particulièrement celui d’y exercer ses métiers malgré tout, de même que celui d’y résider »[35].

Tout comme Chamadi-Sambers, le professeur Carlo A. Célius a plutôt canalisé sa réflexion sur l’aspect esthétique en faisant ressortir le rôle des arts plastiques dans sa construction théorique qu’il définit à travers le réalisme merveilleux. S’il est vrai que la plupart des travaux consacrés au réalisme merveilleux ne renvoient qu’exclusivement au champ littéraire, Célius croit fermement que les arts plastiques y ont aussi apporté leur contribution. C’est précisément le projet de son article qui s’intéresse (nous le citons) « à la genèse et à la structure interne de celle-ci, c’est-à-dire aux conditions de sa formulation, à son processus d’élaboration, aux sources et débats qui l’informent, au déploiement et à la cohérence de ce qui y est argumenté, à la portée heuristique des définitions qui y sont formulées »[36]. Frantz-Antoine Leconte se propose de revisiter un certain nombre d’essais sur l’œuvre d’Alexis dont le souci premier est « d’inviter le lecteur à (re)découvrir certains textes analytiques et d’autres de nature différente qui peuvent être considérés comme des témoignages riches et émouvants de la vie et de l’œuvre de l’écrivain-héros disparu »[37]. L’œuvre de Jacques Stephen Alexis, souligne le docteur Leconte, « est significative d’une intention, d’une volition, d’un projet, d’un concept de citoyenneté indépendante des aléas du pouvoir autocratique, despotique ou dictatorial »[38]. Dans l’article de Claudy Delné qui clôt cette section, l’ambition serait, c’est lui qui le stipule, de « situer Jacques Stephen Alexis dans cette tradition de romancier-théoricien en examinant, décortiquant le corpus discursif, somme toute limité, qui nous est disponible, et apprécier ses implications et ramifications dans son œuvre romanesque »[39]. Le professeur Delné construit sa réflexion à partir des textes théoriques qu’Alexis a publiés entre 1956 et 1960, soit les cinq dernières années ayant précédé sa mort.

La deuxième partie, Notes de lecture, offre des comptes-rendus des différentes publications littéraires d’Alexis. Entretiens, témoignages et portrait donne la parole à des personnalités d’horizons divers sur la perception et l’appréciation d’Alexis et de son œuvre, y compris un gros plan sur son parcours. La dernière partie, Créations, est constituée d’une série d’écrits littéraires regroupant des textes d’Alexis (dont deux manuscrits inédits), des extraits de ses romans en version anglaise, des lettres, poèmes et nouvelles de divers auteurs haïtiens et étrangers.

Ce numéro de Legs et Littérature se propose de porter un (nouveau) regard sur la vie et l’œuvre de Jacques Stephen dans toute sa portée militante, politique, littéraire, philosophique et idéologique en comparaison au contexte historique qui l’a vue naître. Il invite à réfléchir sur le sens et la dimension de son engagement à la fois comme créateur, politique et médecin dans la lutte contre les inégalités, l’avènement d’une cité juste et équitable –et, par extension, d’un monde meilleur.

Michèle Duvivier PIERRE-LOUIS, Ph.D

Jean-Jacques CADET, Ph.D

Ulysse MENTOR, PHDC

Dieulermesson PETIT FRÈRE, PHDC

 

[1] Cf. Eddy Arnold Jean (collaboration de Justin O. Fièvre), « Coriolan Ardouin », Littérature Haïtienne. Le Dix-Neuvième Siècle Haïtien, tome I, Port-au-Prince, Haïti-Demain, 2009,  p. 135.

[2] Ibid. p. p. 135.

[3] Jean-Louis Joubert, « Jacques Stephen Alexis », Écrivains francophones du XXe siècle, Paris, Ellipses/AUF, 2001, p. 40.

[4] Léon-François Hoffman, Littérature d’Haïti, Paris, Édicef, 1995, p. 190.

[5] Le terme écrivain doit, à notre avis, être pris dans son sens spécifique et non générique et renvoie à l’auteur de texte de création et non de réflexion. Il ne désigne pas l’essayiste, mais plutôt le romancier, le nouvelliste, le poète ou le dramaturge.

[6] Léon-François Hoffman, Littérature d’Haïti, op. cit., p. 190.

[7] CF. Yanick Lahens, L’exil : entre l’ancrage et la fuite. L’écrivain haïtien, Port-au-Prince, Henri Deschamps, 1990. Dans cet essai, Lahens propose un nouvel angle d’approche pour comprendre le statut ou la situation de l’écrivain haïtien tiraillé par la question de l’exil, qu’il soit intérieur ou extérieur, lequel est devenu depuis pas mal de temps une constante de la littérature haïtienne.

[8] Cf. Georges Castera Fils, L’intelligence est inquiète: textes critiques et théoriques, Port-au-Prince, Éditions de l’Université d’État d’Haïti, 2017. Ce livre très peu vulgarisé, paru trois ans avant sa mort en 2020, rassemble tous ses écrits critiques parus dans les diverses revues.

[9] Elizabeth Mudimbe-Boyi montre ainsi le silence qui a eu lieu sur l’œuvre de Jacques Stephen Alexis à sa disparition dans les geôles de la dictature duvaliériste et la gestation d’un retour de  cet écrivain dans la critique littéraire haïtienne et francophone. (Elisabeth Mudimbe-Boyi, L’œuvre romanesque de Jacques Stephen Alexis, une écriture poétique, un engagement politique, Montréal, Humanitas-Nouvelle Optique, 1992 [première édition, Kinshasa/Lubambashi, Les Éditions du Mont-Noir, 1975.])  Le retour à Alexis est désormais établi par le nombre d’études qui lui sont consacrées, le nombre des traductions que ses œuvres ont connues et par sa reconnaissance internationale à travers des rééditions, des prix littéraires, etc.

[10] En référence à l’ouvrage du philosophe Étienne Tassin, Le maléfice de la vie à plusieurs. Étienne Tassin, Le maléfice de la vie à plusieurs, Paris, Bayard, 2012.

[11] Shallum Pierre, Le réalisme merveilleux de Jacques Stephen Alexis : esthétique, éthique et pensée critique, thèse de doctorat, Laval, Université Laval, 2013.

[12] Pour reprendre Homi K. Bhabha. Cf. Homi K. Bhabha,  Les lieux de la culture, Paris, Payot, p. 9.

[13] Jacques Stephen Alexis, « Où va le roman », Présence africaine, no 13, avril-mai, 1957, p. 84.

[14] Ibid. p. 84.

[15] Cf. Claudy Delné, « Réévaluer la représentation littéraire de la migration haïtienne en Républicaine dominicaine et le massacre des Haïtiens de 1937 chez Jacques Stephen Alexis, René Philoctète et Edwidge Danticat », Dieulermesson Petit Frère, Mirline Pierre (dir.), Migration et Littérature de la diaspora. Legs et Littérature no 52015, pp. 15-34.

[16] On voit bien que Démesvar Delorme et Louis-Joseph Janvier ne trouvent pas grâce à ses yeux dans « Florilège du romanesque haïtien » parce que le cadre spatial des romans de ces deux écrivains n’est pas Haïti. Jacques Stephen Alexis, « Florilège du romanesque haïtien », Supplément littéraire / Revue étincelles, mai-juin 1984, Port-au-Prince, p. 14. Voir, à ce sujet, la très pertinente remarque que fait Jean Jonassaint sur cette étude d’Alexis dans Jean Jonassaint, Des romans de tradition haïtienne sur un récit tragique, Montréal /Paris, CIDIHCA / L’Harmattan, pp. 23-24.

[17] Michel Le Bris, Jean Rouard, (dir.), Pour une littérature-monde, Paris, Gallimard, 2007

[18] Pascale Casanova, La république mondiale des Lettres, Paris, Seuil, 1999.

[19] …dont Lyonel Trouillot et Dany Laferrière.

[20] Édouard Glissant, Poétique de la relation, Paris, Gallimard, 1990.

[21] Jacques Stephen Alexis, « Du réalisme merveilleux des Haïtiens », Présence Africaine, vol.1, no 165-166, 2002, pp. 91-112.

[22] Yolaine Parisot, Regards littéraires haïtiens. Cristallisation de la fiction-monde, Paris, Classiques Garnier, 2018, p. 20.

[23] Cf. Jacques Stephen Alexis, « La belle amour humaine », Lettres françaises no 652, 3-9 janvier 1957, pp. 1 et 8.

[24] Alain Badiou, L’Être et l’événement, Paris, Seuil, 1988.

[25] En référence à Dipesh Chakrabarty, Provincialiser l’Europe. La pensée postcoloniale et la différence historique, Paris, Éditions Amsterdam, 2009.

[26] Cf. Jacques Stephen Alexis, « Le marxisme, seul guide possible de la révolution haïtienne », Gérard Pierre-Charles (coord.), Présence de Jacques Stephen Alexis, Port-au-Prince, CRESFED, 1980.

[27] L’utilisation du terme renvoie à la fois à l’homme et la figure de l’écrivain et du politique.

[28] Cf. Dieulermesson Petit Frère, Haïti : littérature et décadence. Études sur la poésie de 1804 à 2010, Port-au-Prince, LEGS ÉDITION, 2017. Petit Frère revisite, à travers ce livre, la problématique de la périodisation de la littérature haïtienne et pro-pose un nouveau regard lequel tient plutôt compte des théories et préoccupations esthético-poétiques, thématiques et textuelles que des considérations idéologiques et politiques.

[29] Elle fait référence à Malcolm Ferdinand, « La littérature pour penser l’écologie postcoloniale caribéenne », Multitudes vol. 3, n° 60, 2015, pp. 65-71.

[30] Alba Pessini, « Une approche écopoétique de Les Arbres musiciens », p. 27.

[31] Jean-Jacques Cadet, « Le marxisme, seul guide possible de la révolution haïtienne (1959). Préoccupation épistémologique : élargir la théorie », p. 56.

[32] Jackqueline Frost « Se souvenir de Jacques Stephen Alexis, communiste haïtien ? », p. 65.

[33] Ibid., p. 70.

[34] Pierre Suzanne Eyenga Onana, « Poétisation du mal-être citoyen et plaidoyer pour le vivre-ensemble dans Lettre à François Duvalier de Jacques Stephen Alexis », p. 91.

[35] Ibid., p. 98.

[36] Carlo A. Célius, « Les arts plastiques et la genèse du réalisme merveilleux », p. 114.

[37] 37. Frantz-Antoine Leconte « À la recherche de l’univers de Jacques Stephen Alexis », p. 135.

[38] Ibid., p. 144.

[39] Ibid. Claudy Delné, « Le romanesque comme aboutissement théorique de Jacques Stephen Alexis », p. 164.

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