Beaucoup de gens pensent que Les immortelles de Makenzy Orcel n’est pas un livre bien écrit ; ou, tout simplement, n’est pas un bon livre. C’en est peut-être un. Mais, pas pour quelqu’un qui a lu Jean-Claude Charles ou Jean-Claude Fignolé.
Depuis sa parution chez Mémoire d’encrier à Montréal en septembre 2010, ce court récit divisé en de petits paragraphes asymétriques a connu plusieurs rééditions. Une première chez Zulma, en France, moins de deux ans après sa toute première publication. Uneversion remaniée, plus adaptée au lectorat français, dirait-on, avec des déplacements de chapitres, de paragraphes, quand ceux-ci n’ont pas été complètement effacés ou réécrits. La deuxième et dernière édition, chez Points (2014), toujours en France, cette fois-ci en poche, est beaucoup plus proche de celle de Zulma que de la version éditée par Rodney Saint-Eloi. Mais, qu’est-ce qui fait que ce livre connaisse toutes ces vies quand Les latrines du même auteur est complètement boudé par les lecteurs et les éditeurs français et francophones ? Un vrai fiasco éditorial ou commercial, eût-on envie de dire.
L’écriture de Makenzy Orcel, du moins dans ce livre (ce qui n’est pas valable pour Les latrines), manque de force. Le langage est très puéril (n’est pas Camus qui veut). Ce n’est pas parce qu’on met en scène de pauvres paysans parlant français, par exemple, que le texte doit être truffé de fautes, comme si on était dans un roman de Justin Lhérisson. Et, tomber par hasard comme ça dans un bordel sur un écrivain, ce qu’on cherchait exactement, est en fait un vrai bordel. Une situation un peu trop cinématographique. Mais Les immortelles n’est pas un mauvais livre. C’est un livre raté. Raté dans le sens que l’auteur a manqué d’écrire un des rares chefs-d’œuvre de la littérature haïtienne contemporaine. Pour mieux comprendre, imaginez ce même livre, écrit cette fois-ci par Kettly Mars.
Makenzy Orcel, Les immortelles, Paris, Éd. Points, 2014.
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W.C
20/12/2014