…des hommes et des ombres

Auteur : Collectif  (Textes réunis et présentés par Dieulermesson Petit Frère)

Titre : …des hommes et des ombres

Collection : Textes courts

Date de parution : 31 octobre 2018

Perçu souvent comme le symbole de l’autorité, de l’ordre et de la peur dans l’imaginaire collectif, le père, quand il n’est pas présenté comme un « raté » ou un imposteur, il est un sujet quasiment effacé du corpus littéraire haïtien. Le fait est que les créateurs n’ont pas su s’approprier son image pour en faire un (vrai) héros. Or, au même titre que la mère, le père tient, que l’on veuille ou non, un rôle social, tant le développement de la personnalité que dans la construction de l’identité. De la première moitié du 20ème siècle à nos jours, son appropriation varie d’un écrivain à un autre. Des romanciers réalistes à Roumain, sa figure apparaît assez floue, d’Alexis (père et fils) en passant par Marie Vieux-Chauvet à Émile Ollivier, il surgit pour ensuite s’estomper peu à peu, et de Kettly Mars à Gary Victor, la dynamique semble avoir acquis un autre statut.

Dans La lettre au père, Franz Kafka fait le procès d’un homme – un tyran – qui lui a inspiré la terreur durant toute son enfance. Il a donc vécu en reclus, fermé sur lui-même, sans pouvoir vraiment s’épanouir et profiter de la vie. Cette lettre, jamais remise à son destinataire, traduit tout le regret et le désarroi d’un fils dont l’enfance est ruinée pour avoir été prisonnier d’un sentiment d’infériorité et de rejet de soi. Ce texte, d’une violence rare, se présente comme un règlement de compte et raconte, sans fard, la douleur du fils et ses relations sulfureuses et orageuses avec le père. …des hommes et des ombres ne s’inscrit pas dans ce cadre-là. Ce n’est nullement un livre d’étude de comportements, ni de jugement de valeurs ou des rapports au sein de la structure familiale.

Le prétexte ici étant de mettre en relief le rapport au père. (D)Écrire le mode de filiation, la distance ou les liens, l’héritage symbolique et la construction de soi à travers la figure paternelle, tel est donc l’objectif principal. Les correspondances, les liaisons et/ou re-présentations découlées de l’image véhiculée au sein de l’univers parental sont souvent le produit d’une certaine complexité constituant elle-même une sorte d’impasse du « processus de subjectivation pubertaire ». Lever le voile sur ce côté caché de soi, voilà de quoi revenir sur ce monde oublié pour mieux appréhender l’avenir. Nous avons tous entretenu un quelconque rapport avec le père – qu’il soit affectif, conflictuel, autoritaire ou harmonieux. Ce sont ces petits moments de bonheur qui ont bercé notre adolescence, ces instants de folies qui ont illuminé nos matins et ces saisons douloureuses qui ont hanté nos rêves en temps d’enfance.

Des écrivains racontent, (se) dévoilent et ré-inventent ici et là leur relation au père. …des hommes et des ombres, treize récits qui proposent de nouvelles formes de (ré)appropriation de l’image paternelle dans la littérature haïtienne.

Les auteurs: Franz BenjaminJean Watson Charles Sybille Claude ― Louis­-Philippe Dalembert Marie-­Josée Desvignes ― Yanick Lahens― Jean-­Robert Léonidas ― Stéphane Martelly Dieulermesson Petit Frère ― Mirline Pierre ― Guy Régis Jr ― Évelyne Trouillot ― Gary Victor


Dans la presse : 

« … des hommes et des ombres » : des récits pour dire le père », Jean-Lucas Saint-Jean, Le National, 22 septembre 2023. [Lire l’article en PDF, ICI]

« Sans père : une histoire de l’absence »Le Temps Littéraire, Evens Dossous, 10 mars 2023.

Au nom du père, du fils et des ombres, Laïla Bien-Aimé, Le National, 16 novembre 2022 [Lire l’article en PDF, ICI]

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