10 plus beaux incipits de la littérature haïtienne

Par où commencer ? C’est la question que se posent, rarement les lecteurs quand ils ouvrent un roman. Existent-ils de formules magiques qu’un auteur doit user pour ouvrir un roman ? Des formules, oui. Magiques, non. Entrer dans un roman est comme la petite fille ou le petit garçon,  les yeux éclatant de plaisir et le corps tressaillant de désir, s’apprêtant à sauter à la corde. L’ouverture du roman qui se veut « une mission d’enseigne[1] » requiert la création d’une opération de séduction sujette à éveiller la curiosité du lecteur.

Incipit liber, ici commence le livre. Formule latine traduisant les premiers mots d’un texte. D’une œuvre. L’incipit a un pouvoir générateur en ce sens [qu’] « il inscrit l’œuvre dans un contexte ». Comme pacte ou protocole de lecture, c’est « une phrase de réveil », nous dit Aragon, susceptible de porter le lecteur à pénétrer l’univers du texte. Pour Andréa Del Lungo, c’est le « moment de passage, problématique, du silence à la parole et moment de contact entre le destinateur (l’auteur) et le destinataire (lecteur) du texte ». Voici, par ordre de parution, 10 des plus beaux incipits de la littérature haïtienne qui sortent du conventionnel…

  1. Nous mourrons tous… Gouverneurs de la rossée, Jacques Roumain (1944).
  2. À marée haute, les vagues referment le déversoir des égouts et des canaux qui tombent de la ville. Le vent de janvier, Édriss Saint-Amand (1985).
  3. Longtemps, j’ai rêvé de traverser l’océan, comme on enjamberait une flaque d’eau…, L’autre face de la mer, Louis-Philippe Dalembert (1998).
  4. Le ciel coule lisse. La dernière goutte d’homme, Jean-Claude Fignolé (1999).
  5. Mon père a disparu. Le briseur de rosée, Edwidge Danticat (2004).
  6. Les terres ont l’air sans borne ici. Le testament des solitudes, Emmelie Prophète (2007).
  7. Demain je pars. Mémoire errante, Jan J. Dominique (2008).
  8. J’ai devancé l’aurore et j’ai ouvert la porte sur la nuit. La couleur de l’aube, yanick Lahens (2008).
  9. « Le temps, il finit toujours par venir à bout des choses. », Le désespoir des anges, Henry Kénol (2009).
  10. La nouvelle coupe la nuit en deux. L’énigme du retour, Dany Laferrière (2009).

 

Dieulermesson Petit Frère

 

[1] RICARDOU, Jean, “La bataille de la phrase”, Critique, 26 mars 1970, no 274, pp. 226-256.