Identités, Races et Couleurs
L’Association Legs et Littérature (ALEL) lance un appel à contributions pour le 11e numéro de la revue Legs et Littérature, consacré à la thématique Identités, Races et Couleurs à paraître en juin 2018. Date limite : 31 mars 2018.
Les notions des identités, identifications, de races et de cultures sont au cœur des réflexions des littératures postcoloniales. Identités et cultures étant des entités instables, des phénomènes complexes, dont les usages –qu’ils soient symboliques ou pratiques– feront toujours l’objet de catégories idéologiques particulières. Le corps noir, par exemple, est à un carrefour de son histoire où il est à la fois objet et sujet de représentations, de contre-représentation ; il ne cesse de s’inventer ou de se ré-inventer à travers de nouvelles sémiotiques ou de rationalités fictionnelles porteuses de nouvelles décolonialités des représentations racistes et assujettissantes. S’il s’invente, c’est parce que la « noirceur » tout comme la « blancheur » des corps sont des masques sociaux visant à naturaliser la domination (Matthieu Renault[1]).
Du corps noir connecté au corps saisi dans sa positionalité (Sarah Fila Bakabadio[2]), atlantique ou dans cosmopolitisme. La corporéité noire ne s’enferme pas dans les schèmes de représentation racisant parce qu’elle les défait par la contre-« façon » (dans le sens de « faire » contre) et en élaborant son propre contre-discours, parce que, comme tout corps, le corps noir est toujours déjà pris dans les rets de pouvoir —tant le pouvoir colonial raciste que le pouvoir postcolonial reproduisant les formes d’assignation du premier — les formes de résistance s’organisent depuis ces derniers. Ainsi, en plus de s’intéresser à ces anciennes formes d’assignation des corps et des nouvelles formes, des identités autant que des minorités, ce numéro entend explorer les anciennes formes de résistance desdits corps soit sous forme d’esthétisation, de dissidence, de contre-écriture par l’intermédiaire des littératures et des arts particulièrement.
La revue Legs et Littérature lance une invitation à penser les héritages des identités multiples, identités troubles, identités complexes, de la race, de phénomène de racisation des corps, des racismes et de ses différentes formes de survivance depuis les expériences caribéennes du corps noir. Il s’agit de faire des Caraïbes des lunettes d’observation du reste du monde à travers les thématiques : Identités, Races et Couleurs (les préjugés de couleurs). Comment hérite-t-on du capital épidermique ou de son corps ? Comment « sauver sa peau » ( Seloua Luste Boulbina[3]) de ses héritages complexes et ambiguës ? Comment porter/supporter son corps lorsqu’il est déjà abîmé par certains « schèmes de représentations » dégradants et qu’en est-il lorsqu’on est fatigué d’être réduit à son épiderme ? Que faire de ces « mémoires souffrantes » (Edlyn Dorismond[4]) qui affectent l’épanouissement et le devenir heureux des anciens corps esclavagisés ? Peut-on être fatigué d’être « soi » sans se fatiguer de son corps, plus précisément de son épiderme, parce que tout « soi » se constitue quelque part par l’intermédiaire d’un certain rapport à son propre corps !
Où se situent les frontières entre les identités nationales, les migrants et l’héritage du racisme postcolonial ? Peut-on envisager une déconstruction de la notion de la race en dehors des représentations et schèmes structurants de la colonialité ?
Par ce numéro, Legs et Littérature entend créer les conditions de penser et de panser les expériences douloureuses de l’épiderme, des minorités et d’ouvrir des pistes de recherche pour dénicher les lieux de résistance et d’émancipation du corps, des identités. Pour effectuer ce double mouvement, nous invitons à explorer :
- Axe1 : les nouvelles formes de représentation des corps ou de la constitution des corps (incorporation) allant du corps social à la corporation politique. Quelle est la couleur du pouvoir dans les ex-colonies ?
- Axe 2 : Quels sont les imaginaires à partir desquels les pouvoirs politiques caribéens sont-ils institués ? Peut-on penser un pouvoir noir caribéen[5]?
- Axe 3 : Comment penser/panser les liens politiques dans les anciennes colonies entachées depuis les traces laissées par la logique coloniale et comment envisager la décolonialité de ces liens ?
- Axe 4 : Comment les arts et les œuvres littéraires pensent-ils le colorisme et leurs modes de résistance?
- Axe 5 : Comment la colonisation ou plutôt l’occupation étrangère parvient-elle à déconstruire la dynamique sociale en créant des sujets aliénés ?
- Axe 6 : L’ordre visuel[6] des corps contaminés par l’imaginaire colonial. Comment penser un nouvel ordre visuel rendant possible la réhabilitation du corps par la décontamination ?
Protocole de présentation et de soumissions des textes :
L’auteur devra envoyer sa proposition de contributions par courrier électronique en format Word tout en indiquant (1) son nom ou pseudonyme, le cas échéant, (2) son titre universitaire, (3) le titre du texte ou les premiers mots de chaque texte (4) sa notice biobibliographique ne dépassant pas 100 mots, (5) un résumé (Abstract) du texte ne dépassant pas 250 mots.
Longueur des textes
– 4 000 à 6 000 mots pour les réflexions, textes critiques portant sur une œuvre littéraire, entretiens avec des écrivains, critiques littéraires et chercheurs.
– 1 000 à 1500 mots pour les notes ou comptes rendus de lecture.
– 800 à 1000 mots pour les portraits d’écrivains.
– Poèmes ou nouvelles en français : maximum 5 pages ou 5 poèmes.
La police de caractères exigée est le Times New Roman, taille 12 points, à un interligne et demi, et une taille de 10 points pour les notes de bas de page, police de caractère, Calibri.
- Titre du texte: le titre doit être en gras avec les titres des œuvres en italique. S’il comporte deux parties, utilisez deux points au lieu du soulignement. Exemple : Chauvet et Faulkner : cas d’intertextualité.
- Les références: toute citation doit être associée à un numéro de page (ex : p. 14). Les citations de moins de 5 lignes sont intégrées au texte et indiquées par des guillemets –sans italique. Allez à la ligne et utilisez l’alinéa pour les citations de plus de 5 lignes. Dans ce cas, il n’y a ni guillemets ni italique. Veuillez indiquer les références en bas de pages (Prénom, nom de l’auteur, titre du livre, lieu de l’édition, maison d’édition, année de publication. Ex : Marie Vieux-Chauvet, Fille d’Haïti [1954], Paris, Zellige, 2014.)
- Bibliographie, Livres : Indiquer le nom de l’auteur (maj.), prénom (min.) suivi du titre de l’ouvrage (italique), collection (le cas échéant), lieu de l’édition, maison d’édition, année de publication. Ex : VIEUX-CHAUVET, Marie, Fille d’Haïti [1954], Paris, Zellige, 2014.
S’il s’agit d’un livre publié plus d’une fois, il faut préciser l’édition consultée et l’année de la première publication mise entre crochets précédée du titre.
Chapitre d’un livre : Nom de l’auteur (maj.), Prénom (min.), titre du chapitre (entre guillemet), titre de l’œuvre (italique), ville, édition, année de publication.
Article de revue: Nom de l’auteur (maj.), Prénom (min.), titre de l’article (entre guillemet), nom des directeurs du numéro, nom du magazine, journal ou revue (en italique), volume, numéro, année de publication, pages consultées. Ex : LAHENS, Yanick, « Chauvet, Faulkner : cas d’intertextualité », Carolyn Shread, Wébert Charles (dir.), Revue Legs et Littérature, No 4, janvier 2015, pp. 65-82.
Date limite : Envoyez vos propositions avant le 31 mars 2018 à legsetlitterature@venez.fr
[1] « Peau noire, masques blancs. Frantz Fanon et la blancheur », Sylvie Laurent Thierry Leclère (dir.), De quelle couleur sont les blancs ?, Paris, La découverte, 2013, pp. 143-150, p. 145.
[2] « Photographie et géographie corporelle de l’Atlantique noir », Blackness, in, Politique africaine, n° 136, 2014, pp. 21-40, p. 22.
[3] L’Afrique et ses fantômes. Écrire l’Après, Paris, 2015, p. 21.
[4] L’ère du métissage, Paris, Anibwe, 2013, p. 198.
[5] Voir le livre de Frantz Voltaire, (Dir), Le pouvoir noir en Haïti, Québec, CIDIHCA, 1988.
[6] Dyer, Richard, White, London and New York, 1997.