Appel à contributions pour le 13e numéro de la revue Legs et Littérature

 

Poétique de la sexualité

L’Association Legs et Littérature (ALEL) lance un appel à contributions pour le 13e numéro de la revue Legs et Littérature, consacré à la thématique Poétique de la sexualité qui paraîtra en mai 2019 chez LEGS ÉDITION sous la direction de Mourad Loudiyi et Ulysse Mentor, avec le précieux soutien financier de la Fondation connaissance et liberté (Fokal). Date limite : 31 mars 2019.

Depuis l’ère du temps jusqu’à aujourd’hui, la sexualité fut l’objet de mesures religieuses, juridiques, sociales et culturelles drastiques, allant de l’interdiction à la légalisation en passant par la condamnation de l’assouvissement sexuel.

Il faut noter, de prime à bord, que le concept de sexualité a été l’objet de réinterprétations qui se sont fortement senties dans le champ littéraire francophone. Si en 1838, la sexualité dénote les traits constitutifs ad hoc à chaque sexe, actuellement, elle désigne l’intégralité de l’expression physique et la propension de l’instinct sexuel à sa satisfaction. Progressivement, ce concept incorpore les diverses versatilités d’une société à la quête de sensations apparemment irrassasiées. Au cours des siècles, les discours sur la sexualité se sont multipliés avec, à chaque fois, une problématique soulevée et un aspect abordé. D’abord, les études se sont penchées sur la sexualité au sein de la famille et de la parenté, en s’attachant au sujet de l’inceste, avant de l’enrôler au sacré et à la religion (Bataille : 1957 ; Bishop : 1997). Ensuite, la sexualité donne naissance à diverses approches désignées par « la nouvelle anthropologie de la sexualité » (Lyons : 2006), notamment après la théorie des  gender studies et la propagation du syndrome du VIH. Les porn studies s’occupent de l’analyse de la pornographie comme un fait socioculturel qui, grâce à sa diffusion et à sa consommation à grande échelle, se voit attribué sa légitimité dans le champ scientifique (Éric Macé et Éric Maigret : 2005). Enfin, actuellement, le débat sur la sexualité s’est complexifié, avec l’émergence de revendications sur le mariage homosexuel (la loi sur le « le mariage pour tous ») et la législation des services sexuels en faveur des handicaps et des travaux portant sur les constructions de la masculinité (Broqua & Doquet : 2013).

Autrefois tabouisé, le thème de la sexualité, dans la littérature, devient banal pour ne pas dire anodin. Le sens de la représentation de la sexualité diffère d’un genre littéraire à un autre, suivant le mode d’expression déployé et la modalité de fonctionnement propre à chaque domaine. La littérature francophone témoigne d’un nouvel ordre esthético-littéraire caractérisé par des licences thématiques et des écarts structuraux. Lieu où se réinventent de nouvelles formes de la poétique et de l’esthétique, le roman d’expression française cherche à mettre en œuvre, dans sa négociation fictionnelle, une nouvelle diégèse romanesque. Le sexe est devenu un motif majeur d’écriture qui ne cesse de représenter des scènes à caractère grivois ou érotique. Si dans certaines sphères géographiques, la représentation de la sexualité reste, dans l’imaginaire collectif, annexée à la pudeur, à la discrétion, voire à l’ascétisme, à l’opposé dans les pays généralement occidentaux, la sexualité s’exprime loin de toute désinhibition, s’inscrivant dans la lignée d’un libertinage du Moyen-Âge avec Louise Labé, la philosophie du corps de Friedrich Nietzsche, les utopies de Charles Fourier, les théories sexuelles de Sigmund Freud, les mouvements de contre-culture de divers ordres et les adeptes de l’idéologie hédoniste. Or, d’un côté comme de l’autre, il s’ensuit, suite à la révolution sexuelle, la production à profusion d’une littérature dite blanche devenue sexualisée. Le motif sexuel y est présent de manière implicite.

Dans les narrativités romanesques, comme chez Michel Houellebecq, Virginie Despentes, Catherine Millet et Catherine Breillat, les scénarios mettant en exergue le corps dans ses rapports et pratiques sexuelles, occupent une place importante, et l’imaginaire fait étalage d’un registre affectif et comportemental assez riche. Corps en souffrance ou bien entièrement en extase, le corps est réduit à une simple donne sexuelle. Le langage qui dépeint ce corps piétiné et persiflé, est d’une vulgarité si choquante qu’il tend à se faire vrai. Derrière ce dévergondage, se dessine en filigrane la condamnation d’une société déchue de ses valeurs et surpassant le tolérable. Dans Introduction à la pornographie, Claude-Jean Bertrand et Annie Baron-Carvais pensent, non avec grand étonnement, que la pornographie sera triviale à l’instar de la gastronomie ou la philatélie. Entre cette libération des mœurs et des corps surgissent des questions qui obligent tout discours vers le questionnement de cette construction poético-sexuelle. On accordera ainsi une attention particulière aux interrogations mettant en jeu l’examen de la poétique de la sexualité dans le roman francophone : y a-t-il une ou des poétiques de la sexualité dans le discours littéraire ? Quel traitement reçoit la question de la poétique de la sexualité chez un écrivain masculin et féminin ? Le discours littéraire sur la sexualité vise-t-il à mettre en place une doxa ? Quelle fonction accorde-t-on à la représentation de la sexualité dans la diégèse ? Quelle réception réserve-t-on à la littérature dite sexuelle ? La sexualité porte-t-elle atteinte au système de valeurs ou en crée-t-elle un ? Y-a-t-il un rite, un protocole ou un processus que les partenaires suivent lors des ébats amoureux ? La mise en mot de la sexualité est-elle une inventivité romantique et romanesque ou une manifestation fantasmagorique érotique de l’auteur ?

Ces problématiques, comme on le voit, conduisent tout chercheur à choisir diverses approches, revoyant à de multiples domaines des sciences humaines : l’histoire, la théologie, la psychologie, la sociologie, la philosophie, la rhétorique, l’herméneutique… Les propositions de toutes ces disciplines seront les bienvenues.

Ce numéro de Legs et littérature s’intéresse à la poétique de la sexualité dans différents contextes socio-culturels et différentes sphères géographiques. Il aura comme objectif majeur les représentations littéraires de la sexualité, conçues selon ses manifestations impétueuses et alarmantes (le viol, harcèlement sexuel, etc.), ses manifestations époustouflantes (le plaisir charnel) et les postulats idéologiques qui les ont construites à travers l’histoire et la culture. Il s’agit de traiter les enjeux, les problèmes, les tensions et contradictions qui se déploient sur la représentation de la sexualité normative ou déviante au sein de la littérature francophone, avec comme lieu commun la sexualité sujette à une conception occidentale du sexe, du corps, du genre, du plaisir charnel, de la pratique sexuelle, de la normalisation sexuelle…

 Axes thématiques :

Les propositions d’articles s’inscriront dans l’une ou plusieurs des grandes thématiques proposées, sans que cette liste soit exhaustive :

Axe 1 : Sexualité et esthétique discursive : traitement discursif de la sexualité. Catégorie littéraire assumant des fonctions aux niveaux actoriel, actantiel, thématique et même idéologique, censure et autocensure.

Axe 2 : Sexualité et genre (masculinité/féminité) : Différences, égalité et hiérarchies dans les représentations culturelles et religieuses et dans les pratiques de socialisation de la sexualité.

Axe 3 : Sexualité et corps : le corps féminin comme objet et sujet d’écriture romanesque. Représentation érotique du corps féminin vs corps masculin

Axe 4 : Sexualité et vie conjugale : manifestation non orthodoxe de la sexualité (l’inceste, l’adultère, la pédérastie…).

Axe 5 : Sexualité et spatialité (espace public, espace privé) : Harcèlement, violence, viol et formes de résistance. Voyeurisme, fétichisme …

Axe 6 : Sexualité et société : sexualité normative/sexualité déviante (homosexualité)

Axe 7 : Sexualité et réception littéraire : discrédit de la littérature dite sexuelle.

Axe 8 : Sexualité et idéologie : usages de la question sexuelle : définition des rapports entre sexe et pouvoir, sexe et religion, sexe et morale, sexe et philosophie. Discours religieux, discours féministe, matérialisme biologique…

Protocole de présentation et de soumissions des textes :

L’auteur devra envoyer sa proposition de contributions par courrier électronique en format Word tout en indiquant (1) son nom ou pseudonyme, le cas échéant, (2) son titre universitaire, (3) le titre du texte ou les premiers mots de chaque texte (4) sa notice biobibliographique ne dépassant pas 100 mots, (5) un résumé (Abstract) du texte ne dépassant pas 250 mots.

Longueur des textes

– 4 000 à 6 000 mots pour les réflexions, textes critiques portant sur une œuvre littéraire, entretiens avec des écrivains, critiques littéraires et chercheurs.

– 1 000 à 1500 mots pour les notes ou comptes rendus de lecture.

– 1000 à 1500 mots pour les portraits d’écrivains.

– Poèmes ou nouvelles en français : maximum 5 pages ou 5 poèmes.

La police de caractères exigée est le Times New Roman, taille 12 points, à un interligne et demi, et une taille de 10 points pour les notes de bas de page, police de caractère, Calibri.

  • Titre du texte : le titre doit être en gras avec les titres des œuvres en italique. S’il comporte deux parties, utilisez deux points au lieu du soulignement. Exemple : Chauvet et Faulkner : cas d’intertextualité.
  • Les références : toute citation doit être associée à une note de bas de page. Les citations de moins de 5 lignes sont intégrées au texte et indiquées par des guillemets –sans italique. Allez à la ligne et utilisez l’alinéa pour les citations de plus de 5 lignes. Dans ce cas, il n’y a ni guillemets ni italique. Veuillez indiquer les références en bas de pages (Prénom, nom de l’auteur, titre du livre, lieu de l’édition, maison d’édition, année de publication. Ex : Marie Vieux-Chauvet, Fille d’Haïti [1954], Paris, Zellige, 2014.)
  • Bibliographie, Livres : Indiquer le nom de l’auteur (maj.), prénom (min.) suivi du titre de l’ouvrage (italique), lieu de l’édition, maison d’édition, année de publication. Ex : VIEUX-CHAUVET, Marie, Fille d’Haïti, Paris, Zellige, 2014.

S’il s’agit d’un livre publié plus d’une fois, il faut préciser l’édition consultée et l’année de la première publication mise entre crochets précédée du titre. Ex : VIEUX-CHAUVET, Marie, Fille d’Haïti [1954], Paris, Zellige, 2014.

Chapitre d’un livre : Nom de l’auteur (maj.), Prénom (min.), titre du chapitre (entre guillemet), titre de l’œuvre (italique), ville, édition, année de publication.

Article de revue : Nom de l’auteur (maj.), Prénom (min.), titre de l’article (entre guillemet), nom des directeurs du numéro, nom du magazine, journal ou revue (en italique), volume, numéro, année de publication, pages consultées. Ex : LAHENS, Yanick, « Chauvet, Faulkner : cas d’intertextualité », Carolyn Shread, Wébert Charles (dir.), Revue Legs et Littérature, No 4, janvier 2015, pp. 65-82.

Date limite : Envoyez vos propositions avant le 31 mars 2019 à legsetlitterature@venez.fr