Les bons livres forment le goût

Qu’est-ce qu’un livre ? Est-ce simplement un assemblage de mots, de phrases ou de paragraphes ? Comment reconnaître un bon livre? Questions simples ou peut-être banales me diriez-vous, mais importantes dans la formation de l’esprit critique. Selon Nicole Robine, un livre désigne à la fois un matériau, un support de signes et le contenu intellectuel que véhiculent ces signes, c’est-à-dire, à la fois le signifiant et le signifié (le littéraire et le social). Aussi la lecture, comme acte social, est-elle l’art de déchiffrer les signes écrits.

Dans son Journal d’un écrivain en pyjama, Dany Laferrière nous apprend que « les bons livres forment le goût ». Cela dit, il existe des livres qui ne sont que des éléments de nuisance. Des livres qui n’émerveillent pas, et ne déclenchent aucun plaisir chez le lecteur, donc des livres qui babillent, pour reprendre une expression chère à Roland Barthes.

En effet, on reconnaît facilement un bon livre, quand on a derrière soi plus ou moins de longues années de lecture. Un simple réflexe ou un coup de tête suffit. Le livre communique avec le lecteur, l’invite à « la jouissance du langage » (Barthes) dans le choix des mots, les tournures de phrases, en un mot, dans la redistribution de la langue. C’est en lisant ces livres que le lecteur peut, sans crainte, apprendre à aiguiser son goût de la lecture.

Les mauvais livres mettent une corde autour du cou du lecteur et l’empêchent de jouir. Si par hasard ils tombent entre les mains des apprentis-lecteurs, ils peuvent entraver leur pratique de la lecture jusqu’à les porter à ne plus s’y intéresser. Ce n’est pas sans raison que Dany Laferrière conseille à ces lecteurs, n’ayant pas de repères, en la matière de commencer par les Classiques. Ces derniers sont dotés du pouvoir d’amener au bon port.

Mirline Pierre