Le politique haïtien et l’esprit du livre

J’ai lu récemment dans les colonnes du journal Le point en date du 30 janvier 2016 un article paru sous la plume de Jérôme Béglé traitant de la teneur du livre politique en France ou plutôt de la situation des hommes politiques français piqués par le virus de l’écriture. De Georges Clémenceau passant par Charles De Gaulle jusqu’à Nicolas Sarkozy ou Christiane Taubira, le livre a toujours été pour ces hommes et ces femmes le lieu d’expression de leurs idées, leurs projets mais aussi l’arme dialectique de la prise du pouvoir ou pour rendre compte de leur carrière politique. Pensons à La guerre des Gaules de César, aux Mémoires du Cardinal de Retz ou aux Mémoires de guerre du général De Gaulle. Ou encore Les rêves de mon père, cette autobiographie de Barack Obama.

Si en France, aux États-Unis, en Allemagne (je pense à Mon combat d’Adolf Hitler), le livre a longtemps été aux yeux des politiques et hommes d’État, ce lieu fort et puissant en matière d’instrument idéologique, cette arme de persuasion (massive), en Haïti le rapport est vu autrement. Haïti, comme l’aurait affirmé Dany Laferrière, est ce pays où tout (prétendu) homme politique se croit obligé d’écrire au moins un (prétendu) livre comme pour justifier sa présence au corps social de peur d’être passé inaperçu. Comme si ce livre –qui, dans beaucoup de cas ne mérite pas une telle étiquette- pouvait lui permettre de s’imposer dans le champ politique, gagner la confiance et le respect des acteurs, et du coup, une certaine charge de valeurs. Ou pour parler comme Bourdieu, un certain capital. Quitte à ce qu’il soit culturel ou social…

François Duvalier, Jean-Bertrand Aristide, Robert Malval, Prosper Avril, Pierre-Raymond Dumas sont entre autres de ces politiques qui ont fait exception à cette règle. Fait étonnant, dans certains cas, ce sont des livres qu’ils n’ont pas écrit. Il me revient à l’esprit ce monsieur qui avait lui-même affirmé avoir écrit ce livre pour le compte de tel homme politique pour une somme assez intéressante. Ah ces pauvres politiques-écrivains qui ne peuvent pas défendre leurs livres !

 

Dieulermesson Petit Frère

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