Titre : Stella
Collection : Classique (Notes et commentaires de Carolyn Shread)
ISBN : 978-99970-71-00-2
Date de parution : 19 août 2019
Prix : 1 000 HTG ; 22.95 USD
2019 est l’année où « Vertières » trouve enfin sa place dans le neuvième dictionnaire de l’Académie française. Ce geste qui résonne comme une victoire redouble le choc de Waterloo lequel complémente les satisfactions d’un Valmy ou d’un Austerlitz. Dany Laferrière, à la fois premier Haïtien et premier Québécois à devenir Immortel, annonce cette nouvelle pierre dans la restauration d’une culture francophone qui s’étend bien au-delà de l’Hexagone. Mot par mot se reconstitue alors un patrimoine embrouillé, si ce n’est pas nié, en commençant par le nom d’un acte inouï : le refus retentissant de l’esclavage qui a eu lieu à Saint-Domingue en 1803 à la veille de la fondation d’une nouvelle nation qui s’appellera Haïti.
Aussi nous semble-t-il que c’est le moment propice pour rapatrier Stella, premier roman de la République noire. L’œuvre inaugurale d’Émeric Bergeaud (1818-1858), qui raconte la Révolution haïtienne si longtemps éclipsée par une autre révolution, n’a pas pu fouler le sol natal et a dû subir longtemps l’exil, tout comme son auteur qui l’a rédigée à Saint-Thomas. Pour remonter à sa parution, c’est l’historien Beaubrun Ardouin, cousin de l’auteur, qui, à Paris en 1859, fera éditer à titre posthume cette histoire romancée du pays de Toussaint L’Ouverture, de Jean Jacques Dessalines, d’Henri Christophe, d’André Rigaud, d’Alexandre Pétion et de tous les hommes et femmes inconnus qui ont apporté leur concours. L’œuvre sera rééditée en 1887, avant de devoir attendre plus de cent ans une édition suisse. Cette édition chez Zoé bientôt épuisée ; il y aura une autre chez Fardin, cette fois en Haïti, mais elle aussitôt est portée disparue.[1] À Christiane N’diaye de le remarquer : cette pierre angulaire, tout comme maintes d’autres œuvres du XIXe, restera longtemps « introuvable » et donc « méconnue » de sorte que « l’on continue bien souvent à qualifier cette littérature francophone […] de « littérature émergente » ou « post-coloniale » en ignorant cavalièrement plus d’un siècle de son histoire »[2].
[…]
Stella évoque en détail, dans un déroulement qui se fait d’avances et de retours, toute la trame des treize années de la guerre d’Indépendance haïtienne (1791-1804) au cours desquelles les « indigènes » – non pas les Taïnos, mais ceux que les Européens avaient emmenés d’Afrique – s’opposent aux forces colonisatrices françaises. C’est l’histoire des militants de la révolution qui fondera Haïti, cette revendication de la liberté fondamentale de tout être humain qui dépasse de loin les ambitions des autres révolutions de l’époque.
Carolyn Shread, Ph.D
Stella est le premier roman haïtien. Roman à caractère historique, sur fond merveilleux, il raconte avec luxe de détails les fourberies et le cynisme de la colonisation française à Saint-Domingue jusqu’aux épisodes de la guerre de l’indépendance haïtienne. Jean-Claude Fignolé y voit « un manifeste, celui du roman haïtien dont il annonce les fluctuations ».
Note de l’éditeur, Extrait.
—
Émeric Bergeaud est né dans la ville des Cayes en 1818. Auteur du premier roman haïtien paru en 1859 à titre posthume, il meurt à Saint-Thomas, le 23 février 1858 à l’âge de 40 ans.
[1] L’édition de Stella chez Fardin n’est pas disponible ; quant à une édition américaine, chez Delince en 2016, il n’est pas facile d’en trouver non plus.
[2] Christiane N’diaye, « Stella d’Émeric Bergeaud: une écriture épique de l’histoire » Itinéraires : Littérature, textes, cultures, No. 2, 2009, 1-12: 1.