Tempes

Auteur : Nathanaël

Titre : Tempes

Collection : Poésie

Couverture : Sergine André (Errance #1, 2009, Oil on canvas 100×100)

Date de parution :   20 avril 2024

ISBN : 978-99970-71-36-1

Prix international l’Invention Poétique 2023

Tempes se veut une forme de réinvention du monde des vivants à travers des signes et des symboles évoquant les mythes de la création. Invitation au voyage, le poème a tout l’air d’un conte initiatique. Une plongée dans les profondeurs des mondes à la recherche d’une fenêtre qui s’ouvrira sur d’autres univers. D’autres passerelles entre ciel et terre vers la quête du mystère. Voyage à l’intérieur de soi, il est dit dans le poème toute la complexité des choses et l’immensité des espaces à parcourir pour atteindre l’absolu.

Entre prose poétique et récit théâtralisé, Tempes est au bout du compte un grand chant lyrique pour conjurer l’absence. Toute l’œuvre de la création se redessine dans le corps du poème. Chaque souffle et chaque geste, chaque bruit et chaque murmure émanant de ce corps participent de cette renaissance comme le premier rayon de soleil qui suit l’aube.

Ni certitude, ni utopie !

Tout est mystère. Rien n’est acquis, définitivement.

Point de vue de l’éditeur

 

[extrait 1]

Et j’écoute, je tourne dans le rond de ton nom, j’entre et je m’absente. C’est une certitude qui tient du précipice et du désarroi. Et ce n’est pas un hasard, dis-je, que le limicole dont l’aile frôlait l’eau ce matin même, alors que les larmes me sortaient des yeux, et que la mer me portait loin. Il a couru sur le sable, auprès du cocotier renversé, creusé en son for par la vague. Et le canal où la cane couvait comme par enchantement un nid vide, derrière les tortues écloses ces derniers temps. On met les pieds dans les eaux déversées de la canalisation sauvage, le visage, on l’y trempe, et on se laisse flotter sur les débris, une peau, une âme défraîchie au contact de son désir le plus intime. Ce sont pétales de nuit venus se poser sur la membrane.

[…]

[extrait 2]

Désapprends à vivre, cesse et renais. Tu as la seule chance d’errer, de terre en terre, jusqu’à ferlement de racines, et tombe salutaire.

Ce qui arrive arrive de loin et promet sa contagion. Si j’ai cessé de t’écrire, c’était par dégoût de tes certitudes, de tes refoulements et approbations. Mais que n’était cette écriture sinon un bien triste aveu d’inconséquence. J’ai pourchassé le siècle tel que l’on fuit un idéal, et j’ai trouvé à l’heure des remontrances que le mensonge s’était infiltré dans le socle effrité du corps attendu, penché sur sa misère. En l’hébétude, le mot désarçonné se contrefait, épuise l’arrivée, en un lieu déjà repu. Tu étais ce lieu, et moi j’étais son souffle exténué. Un lieu sans visage, une respiration accablée, et eaux mortes comme si nous en exigions la preuve. Tu n’avais rien prévu de cela. Ni la chute, ni l’événement du ciel.

Tu lâches des morceaux de rien dans la nuit sans peine. Tu dérives et me reviens. Et l’on se retrouve sous le citronnier en un jour de cris et de soleil et de pleurs inanimés. Le corps est une impatience que tu décries. Tu le recouvres de ta bouche et avales sa colère liquide.

La mer m’appelle à toi. Je vais jusqu’à elle et je dépose ma voix.

[…]

[extrait 3]

Tu ne t’étais pas doutée de la force de l’ouverture, de l’insigne de sa musique, de son anatomie secrète, de sa guerre intime. Ouvrir, c’est aussi capituler. La porte a sa charge, et sa traversée, mais ne te fie point à l’histoire. Car l’histoire ne sait pas aimer.

Dans la maison coloniale, on a joui contre le mur dans la petite pièce à côté. J’ai gravi les escaliers qui manquaient. J’ai traversé la pièce sans plancher. J’ai mis ma bouche contre les jalousies. Tu as mis tes lèvres sur mes lèvres. On s’est couchés dans le lit mesquin, on a crié de joie sous le corossolier, on a marché loin sous le couvre-feu, on s’est baignés dans la mer interdite, on a salué les patrouilles à la limite, on a repoussé les avancées. Dans le jardin on a fait couler l’eau sur nos pieds. Le siège est un état d’esprit.

Les visages se distordent, le jardin est cerné, les yeux clignent dans le sillage, les bouches disent des méchancetés. Je monte la côte jusqu’à épuisement. Je monte et je descends. J’attends.


À propos de l’auteure :

Poète, photographe accidentelle, essayiste et traductrice, Nathanaël est née au Québec en 1970. Auteure de près d’une quarantaine de livres publiés au Canada, aux États-Unis et en France, elle a reçu de nombreuses distinctions dont la bourse du PEN American Centre, du Centre national du livre (CNL), Terre d’Arts/ETC Caraïbe et a été lauréate du prix Alain-Granbois en 2008.

Lauréate en 2023 du Prix international de l’Invention poétique en Martinique pour Tempes, son recueil Comme de tout temps figure dans la première sélection du Prix francophone international du Festival de la poésie de Montréal 2024.

—————–

Dans la presse : 

Erika Govindoorazoo, « A la page », RCI Martinique, 30 mai 2024. [Pour écouter CLIQUER ICI]

Maguet Delva, « De la poésie tout court ! », Le National, 30 mai 2024. [Lire au format PDF]

M’A, « Tempes, un recueil de Nathanaël », MADININ’ART, 29 mai 2024. Lire l’article au format PDF

Lucas Saint-Jean,  « Les Tempes de Nathanaël », Le National, 10 mai 2024. [Lire au format PDF]

Laisser un commentaire